Pourquoi faire un Bilan Carbone pour son entreprise ?

par Quentin LE VIOL

Vous vous demandez quels sont les intérêts de faire réaliser un bilan Carbone, et plus généralement d’adopter une stratégie ‘bas carbone’.

Quelle que soit votre activité et la taille de votre entreprise, les bénéfices sont multiples.

Ci-dessous sont présentés les différents points à prendre en considération pour répondre à cette interrogation.

Réaliser des économies d’énergie

Réaliser un Bilan Carbone c’est comptabiliser entre autres choses ses dépenses énergétiques (électricité, gaz, fioul, etc.). Ce bilan vous mènera à des pistes d’amélioration de votre activité pour réduire les dépenses et le coût associé.

L’économie liée à ces améliorations dépend de la part que représente l’énergie dans les coûts de votre structure et des actions que vous avez déjà pu mener sur le sujet hors bilan Carbone.

Si on regarde l’évolution des prix des principales énergies utilisées en entreprise on obtient le graphique suivant :

Évolution des prix du gaz, de l’électricité, du charbon, et des quotas de CO2Source : BPI France
Évolution des prix du gaz, de l’électricité, du charbon, et des quotas de CO2
Source : BPI France

Globalement on constate que toutes les énergies ont un coût à la hausse, aussi ce qui pouvait être une économie marginale il y a quelques années, est devenu un important levier d’action d’économies budgétaires.

Prenons un exemple :

Votre entreprise consomme 20.000 kW/h d’électricité annuellement, et votre tarif de base était en 2020 de 0,07 € / kW/h. Vous aviez un coût de l’électricité de 1.400 €.

En 2022, votre consommation est stable, votre tarif est désormais de 0,15 € / kW/h. Votre facture d’électricité est à présent de 3.000 €.

On comprend que réduire sa consommation électrique de quelques %, est désormais beaucoup plus essentiel que par le passé.

Réaliser un Bilan Carbone, et mener un plan d’actions correctives, peut vous permettre d’atteindre cet objectif de réduction.

Réduire ma dépendance aux énergies fossiles

Ce troisième point fait écho à celui sur l’énergie, mais l’aspect non renouvelable de certaines énergies pose une problématique supplémentaire.

Nos sociétés dites thermo-industrielles se sont bâties grâce (ou à cause) des énergies fossiles que sont le charbon, le gaz, et le pétrole.

L’exploitation de ces ressources à partir du 19ème siècle, a permis aux populations d’avoir accès à une puissance mécanique décuplée.

Or, ces ressources, comme leur nom l’indique, ne se renouvelleront pas. Ou plus précisément elles se renouvelleront à une échelle de temps qui ne concerne pas nos civilisations (30 millions d’années pour le pétrole).

La quantité restante de ces énergies fait débat suivant que l’on compte pour le pétrole le conventionnel, le pétrole de schiste, etc. Le graphique ci-dessous permet néanmoins de se faire une idée sur l’évolution de notre production mondiale en matière de pétrole :

Source : BP Statistical Review of World Energy (2021)
Source : BP Statistical Review of World Energy (2021)

Premier constat, dans certaines régions du monde le pic (le moment où la production se met à décroître), est déjà passé. La baisse liée à la Covid est un événement particulier, mais si on regarde les courbes bleu clair, rose, verte et mauve, on situe le pic de production bien avant cette pandémie (dans le début des années 2000).

Il est donc acté que nous devrons à l’avenir nous passer de tout ou partie de cette manne énergétique sur laquelle nous nous sommes appuyés depuis des décennies. Il est indispensable d’y trouver une alternative pour assurer la pérennité de vos activités.

Par ailleurs la France ne dispose pas en son sol de ces ressources (ou très peu). Être dépendant des énergies fossiles revient donc à dépendre énergétiquement des autres pays.

La crise Ukraine-Russie de 2022 illustre malheureusement cette carence, et nous rappelle que la réduction de nos dépenses énergétiques fossiles, est un enjeu majeur pour l’avenir.

Ces énergies sont amenées à être plus difficiles d’accès, il est essentiel de réduire leur usage pour rendre votre société résiliente aux changements en cours. Le meilleur outil pour vous engager dans cette démarche c’est le Bilan Carbone.

Repenser son activité

Faire un Bilan Carbone, c’est avoir l’opportunité de se pencher sur toutes les caractéristiques de son activité via une approche différente.

Les matériaux utilisés, les filières, l’énergie, les machines, le transport, etc. Tout cela sera revu en détail en vue d’actions amélioratives.

Cela peut passer par le fait de repenser ses partenariats, se différencier du marché, relocaliser son activité, ou encore modifier les zones de distribution de ses produits.

Vous n’aurez évidemment pas attendu la réalisation d’un Bilan Carbone pour réfléchir à ces différents points, mais c’est l’opportunité d’avoir une vue d’ensemble chiffrée et objective de votre activité.

Nombreux sont les consommateurs qui aujourd’hui, lors d’un achat, tiennent compte de la façon dont le produit a été fabriqué, du lieu de production, de la distance de distribution, de la fin de vie du produit. Votre connaissance de l’équivalent carbone associé à ces différents choix est un point essentiel pour leur répondre et vous différencier.

Par ailleurs nous avons évoqué le cas des énergies non renouvelables, quelle est votre dépendance à celles-ci ? Est-ce une situation sereine pour l’avenir de votre activité ou y a-t-il une faiblesse associée à ce poste ?

Ces questionnements sont essentiels à la pérennité de votre activité, et l’investissement de départ dans un Bilan Carbone est sans commune mesure avec la capacité d’adaptation que vous y gagnez.

Le monde de l’entreprise et des collectivités est déjà impacté par le changement climatique et la transition énergétique à venir. Ces phénomènes vont s’accélérer, et la méthode Bilan Carbone vous permet d’y répondre de façon optimale.

Communiquer son action auprès de ses partenaires

Vous êtes habitué à réaliser des audits qualité, sécurité, finance, etc. Ces audits débouchent sur des points d’amélioration, un système de notation, et une stratégie à mener.

Vous utilisez ces informations pour communiquer auprès de vos clients, de vos partenaires, de vos fournisseurs, mais également de vos collaborateurs. La valorisation de votre entreprise est alors perçue positivement par ces personnes.

Le même principe s’applique au bilan des GES.

La tendance sur le sujet s’est nettement accélérée ces dernières années et les impacts d’une communication positive vis à vis de vos émissions de GES sont aujourd’hui importants.

Ils le sont en particulier pour l’image que votre entreprise véhicule, l’attractivité de celle-ci notamment auprès des nouvelles générations, les partenariats que vous pourriez nouer.

L’exemple de la qualité

Prenons pour exemple le système qualité, et la norme ISO9001. Le management de la qualité a fait son apparition en France dans les années 1990, et la norme ISO9001 (première version) publiée en 1987.

Aujourd’hui le sujet est systématiquement traité dans les entreprises, et la norme ISO9001 est devenu un essentiel pour nombre de partenariats (client, associé, etc.). Vous ne pouvez tout simplement plus dans beaucoup de secteurs travailler avec des sociétés qui n’ont pas ce label.

Cet essor s’est produit en moins de 30 ans en France.

Les entreprises qui ont anticipé ce changement ont pu tirer parti de ses avantages, obtenir des labels, faire valoir leur différence auprès de leurs partenaires. Faire réaliser un bilan Carbone pour votre établissement c’est anticiper de la même manière et vous assurer de pouvoir collaborer avec tous vos partenaires potentiels.

Attirer les meilleurs profils

Un des enjeux importants pour votre entreprise est de pouvoir attirer lors du recrutement les meilleurs profils. Autrement dit les personnes qui ont des compétences, et qui par conséquent sont sollicitées par plusieurs organisations.

Pour comprendre les attentes de ces candidats, le cabinet Deloitte spécialisé dans l’audit et le conseil, a publié une étude en 2020 comprenant notamment les préoccupations de cette nouvelle génération dite génération Z (née après 1995).

Les résultats sont les suivants :

Source : Deloitte
Source : Deloitte

On constate que leur seconde préoccupation est le changement climatique, après le coût de la vie et avant la perspective du stress ou du chômage.

Assurer cette nouvelle génération que votre entreprise est engagée favorablement dans ces enjeux écologiques, c’est marquer un point décisif.

Plus globalement pour cette partie ‘communication’, adopter une démarche de réduction de vos GES, c’est vous donner l‘assurance de nouer de nombreux partenariats.

Notez qu’un bilan Carbone est réalisé en premier lieu pour vous. Vous aurez la possibilité de le communiquer totalement ou en partie, vers l’extérieur.

Protéger le climat et s’assurer un avenir

La relation de cause à effet entre les émissions de GES et la dégradation rapide du climat sur Terre est un fait acquis.

Dans son dernier rapport publié en août 2021, le GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) indique que :

La hausse des émissions de gaz à effet de serre depuis 1750 est sans équivoque causée par les activités humaines. Il est sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, l’océan et la terre.

Le groupement scientifique nous informe par ailleurs que la terre s’est déjà réchauffée de +1,1 °C en moyenne par rapport à l’ère préindustrielle.

Vous avez sans doute déjà entendu parler de l’objectif 2° qui vise à limiter la hausse de cette température moyenne à +2°C. Cet objectif très ambitieux vise à limiter les impacts négatifs, qui vont découler du dérèglement de notre climat, sur nos populations.

Parmi ces impacts, on peut citer la hausse du niveau des océans, liée notamment à la disparition des glaces polaires. Une hausse estimée à plusieurs dizaines de centimètres, voire à plusieurs mètres, conduira à une destruction des zones littorales.

On peut également citer la perte de biodiversité, dont une partie ne pourra pas s’adapter à des changements aussi brutaux. Rappelons que l’humain est totalement dépendant du reste du vivant pour survivre (alimentation, médecine, vêtements, mobilier, etc.).

Un dernier exemple est l’augmentation des périodes d’aridité et de sécheresse, rendant certaines zones du globe invivables (manque d’eau, plus d’agriculture possible). Par ricochet un tel scénario mène à des déplacements de populations massifs.

Ces 3 exemples, qui ne constituent qu’une partie du tableau global, illustrent la nécessité de limiter un maximum notre impact sur le changement climatique.

A noter que le GIEC, une organisation dédiée à la surveillance du climat, est loin d’être la seule à dresser ce bilan sans appel.

Le forum économique mondial a publié en 2021 un rapport sur les risques globaux encourus par nos civilisations. Ce rapport est issu d’une collaboration avec des sociétés telles que Marsh & McLennan spécialisée dans le domaine des assurances, ou encore SK Group société industrielle dans le secteur de la chimie.

Ce groupement n’a donc rien à voir avec l’environnement et de surcroit aucun intérêt à en faire une priorité. Les résultats sont issus d’une consultation auprès de 700 experts et décideurs mondiaux.

Risques globaux catégorisés par leur impact et de leur probabilité de se réaliserSource : The Global Risks Report 2021 – World Economic Forum
Risques globaux catégorisés par leur impact et de leur probabilité de se réaliser
Source : The Global Risks Report 2021 – World Economic Forum

Pour comprendre ce graphique, de gauche à droite ont été classés les risques en fonction de leur probabilité de se réaliser. Plus le risque est à droite, plus les personnes interrogées estiment qu’il est probable.

En ordonnée on retrouve l’impact supposé si ces risques surviennent, plus le risque est classé en haut et plus les personnes interrogées estiment que l’impact serait grand pour nos populations.

Ce qu’il ressort de ce graphique en premier lieu, c’est que le point classé tout en haut à droite est ‘l’échec de l’action climatique’. Autrement dit, les experts consultés estiment aujourd’hui que le plus grand danger pour nos civilisations, donc le plus grand enjeu, c’est le climat.

Par ailleurs si on regarde tout le graphique, parmi les 10 risques qui produiraient le plus d’impact, 5 sont d’ordre environnementaux (points verts). On retrouve donc le climat, l’appauvrissement ressources, la perte de biodiversité, les dommages environnementaux au sens large causés par l’Homme et les températures extrêmes (qui est une conséquence du dérèglement climatique).

Enfin, si on prend les 5 risques qui auraient le plus de chance de se produire (les points les plus à droite), quatre sont d’ordre environnementaux.

Ce rapport nous montre que les risques environnementaux, le dérèglement climatique en tête, sont considérés comme étant les plus grandes menaces pour nos civilisations. Rappelons que cette conclusion est tirée d’un rapport dont les commanditaires ne sont pas des écologistes et dont les intérêts divergent totalement du résultat obtenu.

Faire un état des lieux de ses émissions de GES et mettre en place un plan de réduction, c’est donc prendre ses responsabilités vis à vis de ce dérèglement et des risques encourus et ainsi contribuer à maintenir une planète viable.

Le Bilan Carbone vous permet d’enclencher cette démarche en faveur du climat, et d’assurer ainsi la viabilité de votre entreprise face aux changements.

Suis-je obligé de le faire ?

Depuis 2010, une partie des entreprises est tenue de réaliser un bilan GES conformément à la loi Grenelle 2.

Il s’agit :

  • Des entreprises de plus de 500 salariés en métropole et 250 salariés en Outre-Mer
  • Des personnes morales de droit public de plus de 250 personnes
  • Des collectivités territoriales de plus de 50.000 habitants
  • De l’État Français

Ce bilan devait être réalisé avant le 31 décembre 2012, et remis à jour tous les 3 ans.

Si vous faites partie des organisations concernées par cette obligation, vous devez donc réaliser un Bilan Carbone. La réglementation reste à l’heure actuelle très souple sur le sujet mais vous avez néanmoins une obligation légale.

Si votre entreprise n’est pas (encore) concernée par le cadre réglementaire, faire pratiquer un Bilan Carbone reste néanmoins une opportunité de progresser sur les points développés précédemment.

Par ailleurs, la France s’est engagée via sa Stratégie Nationale Bas Carbone, et via la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), à réduire ses émissions de GES de 40 % entre 1990 et 2030.

Adopter une politique de réduction de ses GES, c’est donc participer à cet effort collectif, et anticiper les évolutions réglementaires. La démarche est déjà enclenchée à l’échelle nationale, plus vous anticipez ces changements, plus vous serez prêts à les surmonter. La méthode Bilan Carbone est là pour vous y aider.

Sources :

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