Le Dérèglement Climatique

par Quentin LE VIOL

Le changement climatique est un thème majeur de l’environnement et vous avez certainement entendu ou lu beaucoup d’informations à son sujet. Est-il lié à l’Homme ? N’a-t-il pas toujours changé au cours des siècles ? Cet article vise à revenir à la définition même du climat et à son évolution à travers le temps.

Qu’appelle t’on le climat ?

Point essentiel avant d’aller plus loin, quelle est la définition même du climat ? Celle du dictionnaire Larousse est la suivante :

Ensemble des phénomènes météorologiques qui caractérisent l’état moyen de l’atmosphère en un lieu donné.

Source : Dictionnaire Larousse – version en ligne juillet 2022

Cela situe la zone que l’on observe lorsque l’on parle du climat : l’atmosphère. Il y a également un indicatif de lieu, le climat est donc localisé. Il existe ainsi plusieurs climats différents sur Terre, voici les 5 principaux que l’on distingue : froid, tempéré, continental, tropical et désertique. Vous pouvez rencontrer plusieurs sous-catégories suivant le niveau de précision : Méditerranéen, océanique, toundra, etc.

Climat ou météo ?

Lorsque l’on évoque le climat on ne peut pas passer à côté des discussions autour de la météo (abréviation pour ‘météorologie ‘). Son évolution est suivie par la plupart d’entre nous qu’il s’agisse de planifier une activité en extérieur ou de prévoir sa tenue du jour.

Ainsi lorsqu’un phénomène météorologique survient, le parallèle avec le climat est quasiment systématique. Qu’il s’agisse de nier le réchauffement climatique un jour de neige en avril, ou de le mettre en évidence une semaine de canicule, le raccourci est tout trouvé.

Mais deux éléments essentiels distinguent le climat de la météo : la zone géographique et la temporalité.

La météo est donnée pour une zone qui peut être très réduite. Vous pouvez par exemple consulter la météo pour votre ville, et parfois elle est différente de la ville voisine. En ce qui concerne le climat, il est le même pour une large zone géographique car lié aux caractéristiques de cette zone (température moyenne, pression atmosphérique, vitesse du vent, etc.). On ne distingue que 2 types de climats différents en France par exemple (tempéré et continental).

Concernant la temporalité, un évènement météorologique peut être très court. L’exemple le plus parlant est sans doute le phénomène orageux, où en quelques heures voire en quelques minutes on peut passer d’une forte chaleur avec temps sec, à des trombes de pluie et une température beaucoup plus faible.

Le climat lui ne change pas d’un jour à l’autre, il est connu pour une zone géographique donnée, sur une période donnée. Il peut évoluer bien entendu, mais pas d’un jour sur l’autre.

Ainsi ce qui permet de constater ou non un changement climatique ça n’est pas un épisode météorologique. Il convient d’étudier sur une période plus longue les températures moyennes, les précipitations, l’ensoleillement, etc.

Les changements de climat

Le climat a beaucoup évolué depuis l’origine de la planète Terre qui date d’environ 4,5 Milliards d’années. Le passage d’un état climatique à un autre se fait sur plusieurs dizaines voire centaines de milliers d’années.

Actuellement, et ce depuis environ 10.000 ans, nous sommes dans un état climatique appelé Holocène. Il correspond au climat que nous connaissons depuis notre naissance avec une température moyenne sur Terre d’environ +15°C.

Avant cet Holocène, la Terre était dans une ère glaciaire qui a duré environ 100.000 ans. Ces valeurs donnent une idée de l’échelle de temps géologique concernant un changement de climat. A l’échelle d’une vie humaine, même de 5 ou 10 générations humaines, le climat ne variait quasiment pas.

Pour se rendre compte du climat sur Terre, et notamment en France, à l’époque de l’ère glaciaire voici une représentation cartographique :

Climat Européen durant le dernier maximum glaciaire (il y a 20.000 ans)
Climat Européen durant le dernier maximum glaciaire (il y a 20.000 ans)

Cette carte montre qu’à l’époque toute l’Europe du Nord est sous la glace, ainsi que toute la chaine des Alpes et des Pyrénées. La France est pour sa grande majorité dans un climat de Toundra. Il y a donc bel et bien entre cette dernière ère glaciaire et notre climat actuel une grande différence.

Un point important à retenir, est que l’écart de température entre cette situation et la notre actuellement, est de 5 à 6°C. C’est cet écart de température moyenne sur Terre qui a fait passer la France d’un climat de Toundra à un climat continental. Ces quelques degrés ont tout changé pour les Hommes, comme pour le reste du vivant, dans cette zone géographique. 

L’effet de serre

Vous avez déjà entendu l’argument qui consiste à dire que le climat a toujours évolué depuis la création de l’atmosphère et que par conséquent l’Homme n’y est pour rien. La première partie est tout à fait exacte comme évoqué au chapitre précédent. 

En revanche notre impact sur l’évolution du climat n’est malheureusement plus à prouver. Cet impact est dû à notre faculté à favoriser un phénomène naturel : l’effet de serre.

Un phénomène naturel

Notre planète Terre est située dans le système solaire et reçoit en permanence des radiations en provenance du soleil. Ces radiations atteignent les différentes couches de l’atmosphère, une partie est réfléchie et renvoyée vers l’espace, une autre est absorbée par l’atmosphère, le restant vient toucher la surface de la Terre (50% environ).

Les rayons reçus par la Terre réchauffent notre sol et en retour la Terre émet des rayons infrarouges en direction de l’espace. Une très faible partie de ces rayons traversent l’atmosphère et atteignent l’espace, la très grande majorité étant retenus par l’atmosphère et redirigés vers le sol, c’est l’effet de serre.

Schématiquement voici le principe

Le Dérèglement Climatique

Le fonctionnement est le même que lorsque l’on utilise une serre pour ses légumes, les vitres (ou les bâches) de la serre réfléchissent les rayons du soleil vers le sol. Cela permet de maintenir une température à l’intérieur de la serre plus élevée qu’à l’extérieur.

Il s’agit d’un phénomène tout à fait naturel et qui a permis l’apparition de la vie sur notre planète. Sans cet effet de serre il ferait une température moyenne sur Terre de -18°C.

L’influence de l’Homme

Puisqu’il s’agit d’un phénomène naturel, pourquoi l’Homme est-il tenu pour responsable des dérèglements climatiques ?

Cette affirmation réside dans le fait que l’Homme a accentué le phénomène naturel de l’effet de serre en rejetant dans l’atmosphère une quantité importante de gaz appelés Gaz à Effet de Serre ou GES.

Le plus célèbre de ces gaz et celui dont nous émettons la plus large quantité est le dioxyde de carbone. Il est produit de manière tout à fait naturelle par les organismes vivants, lors de leur respiration pour les animaux et lors de la photosynthèse par les végétaux.

Ce qui vient s’ajouter à ces phénomènes naturels, c’est notre usage de l’énergie. Les civilisations que l’Homme a construites au fil du temps requierent de plus en plus d’énergie. Cette énergie est issue en très grande majorité de combustibles fossiles (L’usage de l’énergie).

Lors de la combustion des énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon), une grande quantité de carbone (C) est émise dans l’atmosphère constituée en partie de dioxygène (O2), la combinaison forme le dioxyde de carbone (CO2).

C’est bien cet apport supplémentaire en GES, dont principalement le CO2, qui favorise l’effet de serre et a conduit au réchauffement de notre planète.

Le réchauffement global et ses impacts

Le surplus de GES dans l’atmosphère issu de l’activité humaine a déjà conduit à un réchauffement global sur Terre de +1,1°C par rapport à l’ère préindustrielle. C’est une moyenne, comme expliqué plus en avant, sur la totalité de la planète.

L’ère industrielle est située vers la fin du 18ème siècle, soit il y a environ 150 ans. La Terre s’est donc réchauffée de plus de 1°C en 150 ans, alors qu’en plus de 20.000 ans elle s’était réchauffée de 5 à 6°C.

Peut-on faire machine arrière ?

Une première réflexion pourrait être de se dire qu’il nous suffit de stopper nos émissions de GES et d’attendre que ceux existants se dissipent pour rétablir la situation.

La première contrainte à cela est que pour arriver à un bilan carbone neutre voire négatif (en capter plus que l’on en émet), l’Homme doit réduire drastiquement son usage des énergies fossiles. Or nos civilisations reposent sur l’usage de ces énergies.

Autre élément essentiel lorsque l’on parle du climat et de l’effet de serre, la temporalité. Dans un précédent article j’évoquais le temps de résidence des GES dans l’atmosphère (Comment faire un Bilan Carbone pour son entreprise ?). Le CO2 par exemple, reste plusieurs centaines d’années dans l’atmosphère même si son impact commence à décroitre après une centaine d’année. 

Pour synthétiser, les +1,1°C déjà constatés ne pourront pas être abaissés dans une échelle de temps qui nous concerne.

Si les humains arrêtaient totalement d’émettre des GES demain, l’effet de serre des gaz présents dans l’atmosphère perdurerait malgré tout plus de 100 ans. 

A noter également d’un point de vue temporalité, qu’un GES émis aujourd’hui met une vingtaine d’années à se fixer dans l’atmosphère et à avoir un impact sur l’effet de serre. Il y a donc une certaine inertie entre ce que nous émettons aujourd’hui et l’effet sur le climat. Ce qui fait qu’en arrêtant totalement nos émissions de GES demain, l’effet de serre continuerait d’augmenter durant 20 ans.

Les trajectoires possibles

Malgré l’impossibilité de revenir en arrière, ce que nous allons émettre comme GES dans les années à venir est primordial pour l’évolution du climat. Car si nous ne pouvons pas corriger les choses, nous pouvons les aggraver sérieusement.

Voici ci-dessous les 5 scénarios envisagés par le GIEC dans son rapport de 2021 :

Valeur moyenne du réchauffement climatique par rapport à l’ère préindustrielle – 5 scénariosSource : Sixième rapport d’évolution du premier groupe de travail du GIEC (2021)
Valeur moyenne du réchauffement climatique par rapport à l’ère préindustrielle – 5 scénarios
Source : Sixième rapport d’évolution du premier groupe de travail du GIEC (2021)

Ces différents scénarios ont été établis en fonction de ce que l’humanité va réaliser ou non jusqu’à la fin de ce siècle. La courbe en noire est l’évolution entre 1950 et 2015, autrement dit ce que nous connaissons déjà, elle monte bien de +1,1°C.

Ensuite viennent les courbes de couleur, chacune représentant un scénario. A noter tout d’abord que quel que soit le scénario, la température continue de monter pour les 20 prochaines années après 2015 (date des études). Cela rejoint l’explication concernant l’inertie des gaz à effet de serre.

Au delà des 20 premières années il y a les scénarios où la température se stabilise voire décroit, qui sont les scénarios 1 et 2, courbes bleu ciel et bleu foncé. Ils permettent l’un comme l’autre de limiter le réchauffement climatique en dessous des 2°C, ce qui est l’objectif annoncé de la COP21.

Pour se rendre compte du défi que représentent ces scénarios, quelques valeurs d’émission de CO2 : En 2015 les émissions de CO2 sont de 40 GtCO2 par an (40 milliards de tonnes de CO2 par an). Pour atteindre l’un des scénarios en bleu il faut abaisser cela à 20 milliards de tonnes en 2050, atteindre la neutralité à l’horizon 2080 et au-delà capter plus de CO2 que l’on en émet.

L’effort global que cela demande est colossal. En termes de niveau de vie, notamment pour les pays les plus riches, c’est une décroissance très forte par rapport à la situation actuelle.

Si en revanche notre modèle économique et social reste sensiblement tel qu’il est depuis quelques dizaines d’années, le scénario est le 5ème (courbe rouge foncé). Nous nous dirigerions alors vers une hausse de température de l’ordre de +5°C à l’horizon 2100.

Les conséquences

Bien entendu si ce sujet climatique fait autant parler c’est qu’il n’est pas sans conséquences. Nous avons vu précédemment qu’entre la dernière ère glaciaire et aujourd’hui la différence de température est de +5 à +6 °C. une hausse du même ordre d’ici la fin du siècle constituerait donc un changement très brutal.

Parmi ces conséquences, qui ne sont pas dans un ordre d’importance, on peut citer :

  • La hausse des températures avec des épisodes de canicule plus importants
  • La sécheresse
  • La hausse du niveau des océans
  • La perte de biodiversité (un tiers des espèces d’ici 2070 d’après le GIEC)
  • Les pénuries en eau
  • Les événements climatiques plus fréquents et plus puissants : inondation, tempêtes, etc.

De ces effets découlent d’autres conséquences :

  • Les pénuries alimentaires liées à des terres non cultivables
  • Les déplacements de population présentent sur des terres devenues inhabitables
  • Les risques pour la santé : maladies, manque d’accès à une eau potable, etc.
  • Etc.

Cette liste peu engageante met en évidence une partie des conséquences néfastes d’un réchauffement climatique.

Les effets seront d’autant plus désagréables s’ils font suite à une hausse élevée des températures, sur un délai très court. Faire tous les efforts pour réduire nos émissions de GES est donc essentiel si nous voulons nous épargner ces effets indésirables.

Le meilleur moyen pour cela est d’engager une stratégie bas carbone, à commencer par la réalisation d’un premier Bilan Carbone.

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