Répartition de l’Effet de Serre par Activité

par Quentin LE VIOL

Amplifié par les activités humaines, l’effet de serre provoque un réchauffement accéléré de notre atmosphère.

Pour lutter contre ce phénomène et ses conséquences néfastes, plusieurs pistes ont été évoquées ces dernières années et plusieurs coupables désignés. Le but étant bien souvent d’orienter le débat vers une autre activité que la sienne, ou vers une ‘solution’ qui ne nécessitera que peu de changement.

Pour avoir une vue objective et concentrer nos actions sur ce qui a le plus d’effet, il faut au préalable connaitre les ‘responsabilités’ en termes d’effet de serre de nos activités.

Les activités qui émettent des gaz à effet de serre

Avant même de parler de quantité de gaz à effet de serre, regardons les activités humaines qui en produisent. Dans ce chapitre je vous propose de distinguer 6 grands secteurs d’activité : la production d’énergie, le transport, l’industrie (hors énergie), la gestion des déchets, l’agriculture, le résidentiel et tertiaire.

La production d’énergie

Toute activité humaine qui dépasse le cadre de l’usage de nos bras et jambes requiert la consommation d’une énergie et donc sa production. Qu’elle soit d’origine fossile ou renouvelable, la production de cette énergie décuple nos possibilités et a permis de façonner le monde tel que nous le connaissons.

Mais produire de l’énergie peut générer une grande quantité de gaz à effet de serre, c’est pourquoi les modes de production choisis par chaque pays sont déterminants.

En France le mix énergétique, c’est-à-dire la répartition de la consommation d’énergie par source, est la suivante

Répartition de la consommation d’énergie primaire en France en 2020Source : Ministère de la Transition Ecologique
Répartition de la consommation d’énergie primaire en France en 2020
Source : Ministère de la Transition Ecologique

On constate une forte propension à l’usage de l’énergie nucléaire qui constitue notre principale source de production d’électricité. Viennent ensuite le pétrole et le gaz, deux énergies très carbonées, puis les énergies renouvelables (EnR) dont la Biomasse pour le chauffage ou l’hydraulique utilisé pour la production électrique. Le charbon, énergie également très carbonée, est peu utilisé en France.

Mais cette vue est bien celle de l’énergie ‘primaire’, c’est-à-dire la quantité d’énergie puisée dans nos ressources naturelles. L’énergie ‘finale’ est celle réellement consommée par l’utilisateur après déduction des pertes liées à la transformation de l’énergie, son transport, etc.

La répartition pour la France devient alors

Répartition de l'Effet de Serre par Activité

Cette schématique est assez différente de la précédente et met en avant notre dépendance actuelle aux énergies fossiles (65% entre le pétrole, le gaz et le charbon). La filière nucléaire représente certes les deux tiers de notre production électrique, mais lorsque l’on englobe toute l’énergie consommée par les Français son ‘poids’ est bien moindre.

Le rendement des centrales nucléaires étant faible (de l’ordre de 33%), une grande quantité d’énergie primaire doit être utilisée pour aboutir à une énergie finale disponible pour le consommateur sous forme d’électricité. De même le transport d’électricité génère des pertes importantes ce qui n’est pas le cas du pétrole ou du gaz.

Nous avons ainsi consommé d’équivalent de 2571 TWh d’énergie primaire en 2020 pour obtenir 1562 TWh d’énergie finale réellement utilisée par les français.

Evaluer votre dépendance aux énergies fossiles est à la fois essentiel pour protéger votre structure face à la baisse des quantités disponibles et face aux coûts en hausse. Cette évaluation est incluse dans la méthode Bilan Carbone.

Le transport

Qu’il s’agisse de véhiculer des marchandises ou des personnes, nous usons quotidiennement des transports.  Différents moyens existent et nous adaptons le moyen de transport à la distance à parcourir, à la charge à transporter et au coût.

Ci-dessous le graphique de la répartition des émissions de GES en France par type de véhicule employé :

Répartition des émissions de GES par type de transport en 2018Source : Ministère de la Transition Ecologique
Répartition des émissions de GES par type de transport en 2018
Source : Ministère de la Transition Ecologique

Il apparait très clairement que l’usage des véhicules particuliers est le plus grand émetteur de GES. Le Bilan Carbone vous permettra d’en connaitre l’usage en détail et d’envisager des adaptations pour sécuriser vos flux et réduire le coût associé.

A noter un point important, les transports aériens et maritimes internationaux ne sont pas considérés. Ce qui change tout de même de façon importante les choses car l’avion comme le bateau sont beaucoup utilisés pour les longues distances.

Ainsi le poste aérien passerait de 4% à 13,6% en considérant les vols internationaux, et le maritime de 1% à 4,8%. Reste que sur le sol Français c’est bien l’usage routier qui est le plus prépondérant en matière d’émissions de GES.

L’industrie, hors énergie

Malgré la délocalisation de nombreuses activités, la France demeure une puissance industrielle non-négligeable. Dans certains secteurs d’activité comme l’automobile, l’aéronautique ou encore la chimie (les cosmétiques notamment), notre pays demeure un des leadeurs mondiaux.

Ces différentes industries sont émettrices de GES à travers les afflux de matériaux, la production en elle-même ou encore l’emballage des matières produites. Ci-dessous la répartition des émissions de GES par secteur industriel :

Répartition des émissions de GES par type d’industrie en 2018Source : Ministère de la Transition Ecologique
Répartition des émissions de GES par type d’industrie en 2018
Source : Ministère de la Transition Ecologique

On retrouve dans ce graphique une répartition relativement homogène entre l’industrie de la chimie, celle de la métallurgie, la construction, l’agroalimentaire et la fabrication de minéraux non métalliques (ciment, céramique, verre, etc.).

A noter également que les émissions sont en net recul entre 1990 et 2018, cela étant partiellement dû à la délocalisation de notre production. L’objectif affiché par le plan de transition national bas carbone est d’atteindre 20 MT CO2e en 2050 (contre près de 80 aujourd’hui).

La gestion des déchets

Nous consommons des ressources pour nous alimenter, concevoir des objets, construire un logement ou encore fabriquer un moyen de transport. Lorsque ces éléments ne sont plus jugées utiles, ou qu’elles ne fonctionnent plus, elles deviennent ce que nous appelons des déchets.

Parmi les déchets possibles on retrouve une multitude de matières, du déchet organique au déchet électronique en passant par le plastique ou le métal. Ces déchets ont des fins de vie variées suivant leur nature et les propriétés que l’on peut en retirer.

Les matériaux jugés intéressants peuvent être récupérés pour du recyclage, une partie est valorisée pour de la production d’énergie (méthanisation), une autre est incinérée sans valorisation énergétique. Quelle que soit la filière choisie, des émissions de GES sont générées par ces procédés.

 La principale source d’émission de GES en France pour cette activité reste le méthane qui s’échappe de la décomposition des déchets organiques.

Afin de limiter l’effet de serre produit par nos déchets et se détacher du ‘tout jetable’, le principe d’économie circulaire est aujourd’hui plébiscité. Le but étant d’anticiper la future production de déchets lorsque l’on conçoit un produit, de l’utiliser et de le réparer pour le faire durer, de réutiliser les déchets pour créer de nouvelles ressources.

Répartition de l'Effet de Serre par Activité

Un Bilan Carbone permet d’évaluer sa filière déchets et les actions possibles à mettre en place pour l’améliorer. La façon dont votre structure gère les déchets qu’elle produit est un élément essentiel pour l’effet de serre mais également pour l’image de votre société.

L’agriculture

En France 45% de la surface du territoire est utilisé pour un usage agricole. Dans ce paragraphe on englobe toutes les activités d’occupation des terres et notamment la sylviculture, soit l’usage des forêts pour en obtenir un bénéfice commercial (usage du bois en particulier).

Parmi les émissions de GES du secteur on retrouve l’usage d’engins agricoles fonctionnant à l’énergie fossile. Cette utilisation produit du CO2, représentant 13% de l’impact total de la filière.

Comme pour la gestion des déchets, le méthane est le gaz le plus significatif pour l’effet de serre concernant la filière agricole. Il est issu principalement de l’élevage puisque les animaux en émettent lors de leurs déjections.

Mais là où l’agriculture se distingue des autres filières c’est par sa propension à produire des composés azotés via l’usage d’engrais azotés notamment. Le protoxyde d’azote (N2O) est donc lui aussi responsable d’une part importante des émissions de GES pour le monde agricole.

Le résidentiel et tertiaire

Dans cette dernière catégorie nous considérons notre usage des bâtiments résidentiels (nos habitations) et des bâtiments tertiaires (commerces, bureaux, santé, etc.). Le secteur résidentiel reste très nettement le plus émetteur de GES puisqu’il émet environ 50 Mt CO2e contre 20 Mt CO2e pour le tertiaire.

Dans les deux secteurs le chauffage reste la principale source d’émissions de CO2. La quantité émise est donc fortement liée aux températures qui régissent notre usage du chauffage. Le type de chauffage utilisé est bien entendu également déterminant.

Répartition des émissions de GES du secteur résidentiel en 2018Source : Ministère de la Transition Ecologique
Répartition des émissions de GES du secteur résidentiel en 2018
Source : Ministère de la Transition Ecologique

Comme pour le paragraphe sur la production d’énergie on note un très faible usage du charbon. En revanche le gaz naturel, très utilisé en ville, est de loin l’énergie la plus émissive de GES pour le chauffage de nos bâtiments.

Une revue des quantités d’énergie utilisées pour le chauffage de vos bâtiment est prévue lorsque l’on fait réaliser un Bilan Carbone. C’est une étape essentielle pour évaluer le coût associé et le type d’énergie dont vous êtes tributaires.

Répartition des émissions par activité

Nous avons vu les activités humaines qui génèrent des émissions de GES, intéressons-nous maintenant à leur ‘poids’ dans le bilan global et aux solutions que la France tente d’y apporter.

Quantités de GES émises

Parmi les 6 types d’activité décrites certaines sont nettement plus émissives en GES que d’autres. Ci-dessous le graphique de la répartition :

Répartition en pourcentage des émissions de GES par type d’activité humaineSource : https://www.notre-environnement.gouv.fr/ consulté en août 2022
Répartition en pourcentage des émissions de GES par type d’activité humaine
Source : https://www.notre-environnement.gouv.fr/ consulté en août 2022

Tout d’abord la filière de la gestion des déchets est la plus minoritaire. Elle n’est pas insignifiante dans le total, mais n’est pas émettrice d’une quantité de GES comparable aux autres.

La filière énergie est également modérée d’un point de vue émissions de par l’usage du nucléaire pour la production électrique. Dans de nombreux pays, notamment ceux qui utilisent massivement le charbon pour la production électrique, cette activité est la principale source de GES.

Viennent ensuite les 3 secteurs d’activité que sont l’industrie, l’agriculture, le résidentiel et tertiaire. Ils sont responsable d’environ 80 Mt CO2e d’émissions par an. Le secteur d’activité émettant la plus grande quantité de GES en France est le transport, qui représente près d’un tiers des émissions avec plus de 130 Mt CO2e par an.

Point d’attention : le périmètre

Pour réaliser un bilan carbone il convient de définir un périmètre d’étude. Pour le cas de la France et donc des chiffres présentés dans cette article, il s’agit des émissions de GES liées à notre production. On comptabilise les transports réalisés en France, les usines sur notre territoire, les déchets traités en France, etc.

Nous n’avons donc pas une vue sur notre consommation réelle. Si un équipement est fabriqué à l’étranger pour être utilisé en France, c’est le pays d’origine qui va considérer les émissions de GES générées. Or c’est bien parce qu’un utilisateur a besoin de cet équipement qu’il a été fabriqué.

De même si la France exporte des containers de déchets à l’étranger, le bilan GES de ces déchets n’est pas comptabilisé.

Nous n’avons donc qu’une vue partielle des émissions réellement générées par le mode de vie des Français. Pour un secteur comme l’industrie le total se verrait augmenter fortement car nous importons nombre de biens : textiles, appareils électroniques, matériaux de construction, etc.

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