L’effet de serre est un phénomène global qui touche toute notre planète et permet le maintien d’une température modérée sur sa surface. Les activités humaines de ces dernières décennies ont néanmoins produit des quantités importantes de gaz accélérant cet effet de serre (GES).
Cette modification est préjudiciable puisqu’elle entraîne de multiples déséquilibres : augmentation des températures moyennes, hausse des océans ou encore perte de biodiversité.
Pour autant les émissions de gaz favorisant cet effet de serre sont réparties de manière inégale. Certains pays sont très contributeurs aux émissions de GES, d’autres moins, nous allons voir comment se fait cette répartition.
Evolution des émissions de GES dans le monde
Regardons en premier lieu l’évolution des émissions de GES mondiales, comment elles ont évolué dans le temps et les secteurs les plus concernés par ces émissions.
Type de gaz à effet de serre rejetés
Différents GES existent et sont répertoriés dans les bilans carbones, on distingue 6 grandes catégories : la vapeur d’eau, le méthane, le dioxyde de carbone, le protoxyde d’azote, l’ozone et les gaz fluorés. Dans le graphique ci-dessous est représenté la répartition des émissions par type de gaz.
Dans le titre il est question de UTCATF, un anglicisme pour désigner le changement d’affectation des terres et des forêts. Pratique qui permet d’accroitre la captation du CO2 et donc de réduire notre effet de serre global. Le but étant ici de créer un puit de carbone (Le Carbone, son cycle et ses mécanismes).
Le Pouvoir de Réchauffement Global (PRG) est la contribution d’un gaz sur l’effet de serre, pour une durée donnée. Certains gaz comme le Méthane se dissipent rapidement alors que d’autres comme les gaz fluorés restent plus longtemps dans l’atmosphère. Raison pour laquelle la répartition est différente que l’on considère un PRG sur 20 ans ou sur 100 ans (Comment faire un Bilan Carbone pour son entreprise ?).
Le méthane et le CO2 constituent très largement les deux principaux gaz émis par nos activités qui amplifient l’effet de serre. Si l’on se place sur une lecture long terme, le CO2 prend le pas sur les autres types de gaz.
Quantité de GES émise dans le monde
Les différents pays émettent par leurs activités des gaz à effet de serre, nous savons aujourd’hui qu’il est essentiel d’en réduire la quantité. Pour autant la trajectoire actuelle n’est pas à la décroissance de nos émissions, comme le montre le graphique ci-dessous.
Nous émettons aujourd’hui près de 50 Mt CO2e, soit 23% de plus qu’en 2005. Si l’on se concentre sur le principal gaz responsable de ce phénomène comme expliqué ci-dessus, cela donne le graphique suivant.
La partie bleue de la courbe représente le total émis par les pays signataires du protocole de Kyoto, la partie orange par les autres pays.
On constate que pour les pays signataires de cet accord la quantité de CO2 émise est stabilisée avec une légère décroissance.
Attention néanmoins à la lecture de ce chiffre brut, les modes de vie dans certains pays peuvent être tributaires de production réalisées à l’étranger. Auquel cas les émissions de GES sont comptabilisées dans le pays producteur, alors que l’utilisation se fait chez le pays consommateur.
Autre constat évident de ce graphique, la quantité totale de CO2 dans le monde est en constante hausse depuis le milieu du 20e siècle. Entre 1960 et 2018 les émissions passent de 9 Mt CO2 à 35 Mt CO2. Soit une multiplication par 4 de la quantité rejetée dans l’atmosphère.
Répartition par pays
Comme évoqué au début de cet article des inégalités importantes existent entre les pays d’un point de vue contribution à l’effet de serre. Suivant la dynamique d’un pays, son PIB ou encore ses choix en matière énergétique, chacun rejette une quantité de GES différente.
Quantités émises par pays
Considérons tout d’abord les quantités totales de GES émises par les différents pays, ou groupes de pays.
Le premier constat est que la Chine est le principal émetteur de GES dans le monde avec 12,7 Gt CO2e soit 27% du total des émissions mondiales.
Viennent ensuite les Etats Unis d’Amérique avec 6,57 Gt CO2e, l’Union Européenne, l’Inde et la Russie. A l’exception de ces pays le reste de la planète émet 18 Gt CO2e soit seulement 38% du total.
Sans surprise on retrouve dans les principaux émetteurs certain pays très industrialisés, avec un niveau de vie élevé, comme les USA ou l’Union Européenne. On retrouve également des pays très peuplés comme l’Inde malgré un PIB par habitant très inférieur aux pays occidentaux.
Quantités émises par habitant
Cette autre lecture des émissions de GES rapporté au nombre d’habitants présente un intérêt différent du paragraphe précédent. En effet on pourrait s’arrêter à la valeur brute des émissions puisque nous partageons la même atmosphère et qu’à l’arrivée le réchauffement global se fait en fonction de cette valeur.
Mais lorsqu’il s’agit de revoir nos pratiques et nos modes de vie pour lutter contre l’effet de serre, il est essentiel de faire cet exercice.
Car en réalité si l’Inde contribue de manière significative aux émissions de GES, elle est peuplée de 1,4 Milliards d’individus, soit 18% de la population mondiale. En revanche elle n’émet ‘que’ 6% des émissions mondiales de GES.
Le mode de vie des Indiens est donc moins dégradant pour le climat que celui des Européens ou des Américains du Nord par exemple.
Sur le graphique ci-dessus on peut lire en abscisse les populations donc plus la bande de couleur est large et plus la population est grande. En ordonnée on lit la quantité de GES émise par habitant.
On constate pour le cas de l’Inde évoqué précédemment que les émissions de GES par habitant sont relativement faibles avec environ 2,5 t CO2e par an. Pour un Chinois la valeur est de 9 t CO2e, pour un Européen c’est presque la même valeur, pour un Américain du Nord c’est plus du double avec 21 t CO2e.
En tant que Français la tentation initiale serait de dire qu’étant donné notre contribution globale à l’effet de Serre nous ne sommes que peu concernés par la nécessité de changer. Ce graphique et ces valeurs montrent le contraire, car notre mode de vie est parmi les plus impactant du monde pour le climat.
De même si l’on considère les pays où les émissions de GES par habitant sont les plus élevées, il s’agit en premier lieu du Qatar, puis du Koweït et ensuite de l’Arabie Saoudite. Leur population est trop faible pour les faire apparaitre sur le schéma mais néanmoins leur mode de vie est le plus néfaste pour l’effet de serre.
Focus sur l’Europe
Dans les paragraphes précédents nous n’avons pas distingué entre eux les pays de l’Union Européenne à 28 membres. Réalisons un zoom sur ces pays pour regarder comment se positionne la France par rapport à ses voisins.
Les choix technologies de la France, notamment celui du Nucléaire pour la production électrique, la différencie de certains voisins, comme l’Allemagne ou la Pologne par exemple, très consommateur de charbon. Regardons les effets de ces choix en matière d’émissions de GES.
D’un point de vue quantitatif, l’Allemagne est le premier pays producteur de GES en Europe, suivi par la France, puis l’Italie et la Pologne. C’est une valeur brute, regardons maintenant la répartition par habitant.
Le classement est totalement modifié lorsque l’on rapporte les émissions à la population de chaque pays. Ainsi la France ne produit ‘que’ 6,8 t CO2e par habitant, contre par exemple plus de 10 t CO2e pour l’Allemagne ou la Pologne.
La principale raison à cela est la filière énergétique déjà évoquée. Si l’on compare la production d’un kWh d’électricité (et non d’énergie) par rapport à nos voisins Européens, le bilan est le suivant
Des pays très utilisateurs de charbon comme l’Allemagne ou la Pologne ont des émissions de GES bien plus importantes que la France pour produire leur électricité (à consommation égale).
Ces données mettent en exergue les écarts importants en ce qui concerne la production d’énergie, suivant que l’on emploie ou source ou une autre.
L’objet de ce comparatif n’est pas de faire la promotion de l’énergie Nucléaire, simplement d’exprimer les écarts en termes d’effet de serre d’une technologie à une autre. D’autres problématiques comme celles liées aux déchets ou à la sécurité ne sont pas prises en compte dans cette analyse.
D’autres modes de production d’électricité comme les énergies renouvelables présentent également un bilan carbone bien meilleur que le Charbon ou le Pétrole. Leur utilisation permet donc de réduire les émissions de GES totales et par habitant.